1. |
Prologue4837
02:13
|
|||
2. |
Normalocratie
03:45
|
|||
Avez-vous déjà entendu parler du gars qui ne cessait de se moucher. On dit que tout a commencé au moment où il a été engagé. Il ne se doutait de rien, il ne connaissait pas son destin. C’était un gars bien ordinaire qui rentrait au boulot (à) tous les matins. Pour gravir la pyramide hiérarchique, il leur aurait prêté allégeance. Il ne se doutait de rien, il ne connaissait pas son destin. Ça aurait bien l'air qu'un jour, il aurait attrapé la grippe. Microbe, virus ou parasite. Les jours passaient, son cas empirait. Il ne se doutait de rien, il ne connaissait pas son destin. On dit qu’il s’est fait liquéfier le cerveau. On dit qu’il coule de ses narines. On dit qu'il n'est plus capable de penser. On dit qu'il grogne au lieu de parler. Il paraît qu'il n'est pas seul. Les oligarques bâtissent leurs troupes. Une armée de bureaucrates, barricades pour aristocrates. Ce sont des monstruosités qui se vautrent dans les bureaux. * Des cadavres qui reviennent à la vie seulement les jours de paye. Une prolifération de misérables délégués à la façade. Un dialogue de sourds avec des morts-vivants postés au front. * Le travail les dévore. Leur corps putréfié se décompose. Ils deviennent dysfonctionnels. Massacre cérébral ! Ce sont des monstruosités qui se vautrent dans les bureaux. Ils sont condamnés à la servitude pour le reste de leur existence.
|
||||
3. |
Je suis la peur
03:54
|
|||
Sous un règne de terreur, une fabrique de peur artificielle. L'angoisse permet d'y croire, de se laisser guider par la haine. Pour maintenir son hégémonie, l'impérialisme a besoin d'ennemis. Je ne peux rien y faire, c'est plus fort que moi. Peur massive, (durable et) excessive. La différence incarne le mépris. Demain, quand les rôles auront changé, Trop tard, tu seras celui qu’ils craignent. * Je suis le bouc émissaire à usage populaire. * Les mots « ennemi de l'état » me collent à la peau. La crainte s'installe. Terrifiés, on se méfie les uns des autres. Je suis perçu comme un potentiel ennemi. Ma seule présence devient une menace. On n'est jamais trop prudent, un accident est si vite arrivé. La peur d'être victime te transforme en agresseur.
|
||||
4. |
Exécution sommaire
05:00
|
|||
Improvisé justicier en herbe. Vengeur assoiffé de sang. Les yeux écarquillés, gonflés et rougis d’hémoglobine. Le rideau se lève sur le théâtre de la mort. Absorbé par la mise en scène, la mise en scène macabre. À l’annonce du trépas, l’ironique exaltation. La mort en direct, à la portée de la main. La délicieuse victoire de regarder la victime agoniser. La jouissance face à sa souffrance, un plaisir enivrant. N'est-elle pas la même que celle qu'il a ressentie au moment du crime? La mort en direct, à la portée de la main. * Si son motif n’est pas moins légitime? S’il est innocent condamné par erreur? Si, à leur tour, les bourreaux seraient exécutés? Trouver la mort ramènera-t-elle la vie?
|
||||
5. |
||||
C'était une journée grise, pas bien différente des jours de pluie. À l'aube de mes 30 ans, j'avançais à petits pas sur un terrain glissant, sans me douter de ce qui m'attendait. Je me suis arrêtée, une petite pause pour reprendre mon souffle. C'est sans prévenir que le sol se fissure à mes pieds. La terre tremble et s'ouvre pour m'avaler. Les jambes dans le vide, je m'agrippe fermement à la pierre pour ne pas tomber. Je n'en peux plus, mes bras tremblent, mes muscles brûlent. Sous le poids de mes douleurs, mes doigts vont céder. La fatigue prend le dessus. Sous la pression, la paroi s'écroule et je plonge dans le vide. L'impact de ma chute fut brutal. Si terrible que mon armure s'est brisée en ne laissant que poussière et souffrance. Je gisais sur le sol, le corps recouvert d'ecchymoses, les plaies ouvertes saignantes de douleur vive. J'ai crié, j’ai hurlé à en perdre la tête. Il me prit une envie de me déchirer la peau pour sortir de mon corps meurtri. Je n'avais plus la force de bouger. En reprenant mes esprits, je me suis retrouvée au fond d'un gouffre. Dans un abysse si profond qu'il n’y avait que noirceur. J'ai levé les yeux au ciel, même les étoiles ne brillaient pas. Dans l'obscurité glaciale, la peur me prit. J'entendais, près de moi, le grondement d'une bête. J'avais beau faire la morte, elle ne me quittait pas. Les jours passèrent, l'angoisse et la peur refusaient de partir. Les jours passèrent, mes yeux s'adaptaient au noir, je commençais à y percevoir des formes. La créature immonde que je craignais était (en fait) mon propre reflet. Je devais trouver le courage de confronter mes démons. J'avais perdu la trace du temps. Je ne savais plus où j'étais. J'avais perdu tous mes repères. Le flanc de la falaise était si abrupt qu'il m'était impensable de m'en sortir par là où j’étais tombée. J'ai dû prendre un chemin inconnu et y foncer. À travers (les) forêts, montagnes, marécages…, j'ai marché. Maintes (et maintes) fois, j'ai perdu espoir, mais j'ai continué à marcher. Des fois, au loin, j'entendais des murmures, des échos presque imperceptibles. J'ai tenté de les entendre, mais je devais me fier à moi-même. J'ai continué à marcher. Dans la nuit noire, j'ai fini par percevoir la lueur des étoiles. C'est en les contemplant que j'ai pu me guider. Je ne sais pas, ni comment, ni (même) pourquoi, mais j'ai retrouvé mon chemin. À travers ce périple, j'ai grandi, je suis désormais plus forte. Il est vrai que je ne serai jamais plus la même personne. Une partie de moi s'est éteinte en laissant des cicatrices, mais elle a laissé place à la résilience.
|
||||
6. |
Rapport de force
03:29
|
|||
Ils ont le pouvoir, les canons, l'armée, la police et les prisons. Nous avons la force du nombre, la masse désireuse d'un meilleur monde. Ils se moquent de nous, le jeu est truqué. L'égalité des chances n'existe pas. Établissons la base du rapport de force. L'égalité pour tous, c’est notre combat. Le fossé entre les classes est toujours aussi flagrant même si de petits bourgeois se prennent pour des grands. Hiérarchisation; les travailleurs s'auto-exploitent au lieu d'oeuvrer ensemble pour le bien commun. * Pour atténuer la colère, ils donnent l'impression : aux travailleurs qu'ils ont le pouvoir décisionnel, aux citoyens qu'ils ont le moyen de choisir, aux pauvres qu'ils décident de l'être. Mais tout ça n'est qu'illusion.
|
||||
7. |
Le marteau des sorcières
05:22
|
|||
Je me suis faite discrète comme une ombre que la lumière effacerait. Je me suis faite muette tel un silence qu’un soupir assourdirait. Je me suis faite douce, je me suis faite délicieuse comme la soie qu’une caresse briserait, comme un poison défendu. Je vous ai portés en moi, fruits de mes entrailles. Je vous ai donné la vie en vous offrant la mienne. Vous m’avez rendue mère des vices que la terre a portés. Vous m’avez rendue coupable des maux de l’humanité. Belle, vous m’avez faite déesse adulée. Séduisante, vous m’avez faite démone pécheresse. Je me suis noyée dans la tourmente, les larmes ont creusé mes joues. Je me suis effondrée en portant les fardeaux, le sol a usé mes genoux. Vous avez voulu me convaincre qu’être femme c’est être soumise, qu’être libre c’est vous offrir mon sang et ma chair. Vous m’avez façonnée à votre guise, me faisant l’objet de vos désirs. Vous avez fait de ma beauté les barreaux de ma prison. Sensuelle, vous m’avez faite putain impure. Laide, vous m’avez faite sorcière brûlée. Quand le vent se lève, que les pleurs se changent en déluge! Quand les rafales se déchaînent, que le tonnerre gronde de colère! Ma force jaillit des profondeurs, la terre tremble sous mes pas. Le soleil brûlant de vérité, je suis un volcan au cœur de feu. ** Je serai droite et fière, je renais de mes cendres. Je serai forte et libre, rien ne me fera taire. Je serai droite et fière, jamais je ne courberai l’échine. Je serai forte et libre, je serai la femme de mes désirs.
|
||||
8. |
Diversion
05:21
|
|||
Chaque matin, obnubilé par les grands titres grotesques. Tu tournes les pages et grondes à la vue d'images-chocs. Le soir venu, à 18 h, les yeux rivés à l'écran, tu te passionnes pour des nouvelles aux allures romanesques. Obsession trouble provoquée par l’emballement médiatique. La réalité se dissout pour se fondre dans l’imaginaire. Pris de panique morale, de soubresauts d’angoisse. Il faut trouver un coupable. Les monstres, boucs émissaires, te sont dépeints sans nuances. Le temps passe, tu finis par en perdre le jugement. Héroïquement, tu décides de te lancer à l’aventure. Tu dépoussières de vieilles armes et te fabriques une armure pour défendre les veuves et les opprimés. Au service d’une cause dépourvue de sens : tu crois réparer les offenses; tu crois redresser les torts; tu crois corriger les injustices. Dû à de mauvaises lectures des événements : tu confonds moulin à vent et géants; tu confonds chevalier, brebis et mouton; tu confonds bandit et outres de vin. Dans un rituel burlesque digne d’une histoire apocryphe, tu mets ta lance en arrêt et te jettes contre les mécréants. Sans te douter que les monstres, que tu abhorres tant, ne sont que des mises en scène fabriquées de toutes pièces. Chevalier de l’ordre moral, pourfendeur des injustices, en proie à une succession de folies parsemée d’intermèdes lucides. Pendant que tu te démènes et t'évertues à combattre le vent, les perfides enchanteurs te détournent des enjeux véritables.
|
||||
9. |
Mauvaises herbes
04:32
|
|||
Armé de patience, habité d'une vie qui attend. Il suffit qu'un bout de racine ait subsisté, qu'une simple graine ait été portée par le vent, pour que l'espoir renaisse des ruines. La terre couverte de bitume, on a voulu l'enterrer. Un désolant champ d'asphalte, à la surface débarrassée. On la croyait morte. Une graine de révolte, le germe de la colère. Se ramifie toujours la résistance. Nourrie des larmes des vivants, du sang des morts. Tenace repousse toujours l'insurrection. Sous la pression des tiges qui poussent, le sol ne pourra que céder. Juste une brèche, une fissure, pour qu'elles surgissent entre deux pavés. Sur un fond de macadam, de bourgeons à fleurs grandissent les idées. La beauté d'un amour retrouvé. Le parfum d'un rêve à réaliser. * Fleur noire attirée par le soleil. Squatteur aux allures éphémères. Rebelle, qui ne se plie pas aux dictats, sème à tout vent les graines de demain. **
|
||||
10. |
Réfugiés climatiques
05:35
|
|||
Du sol fertile de nos ancêtres, il ne reste qu'une terre aride. Le désert nous dévore, ne laissant que la poussière. Du paradis littoral des anciens, il ne reste qu'une côte érodée. La mer nous avale, sous l'eau notre monde coule. Des forêts tropicales millénaires, il ne reste qu'une surface déboisée. Le ciel s'abat sur nous, sans abri face au climat. Situation d'urgence environnementale. Situation d'urgence politico-sociale. La nature se déchaîne sur ses enfants devenus trop menaçants. Changement anthropique viscéral. Bouleversement planétaire. Faune et flore se détériorent. Nous en portons la faute. Un dernier regard bouleversé sur ce qu'est devenue ta terre. Il est venu le temps de quitter pour un lieu moins précaire. * Au crépuscule d'une ère, des populations entières doivent maintenant migrer. Quitter leur terre assassinée. Nous en portons la faute.
|
||||
11. |
Ahelna
07:35
|
|||
Nous sommes le fruit d’un amour, la plus belle histoire qu’on nous a racontée. Avoir eu à choisir, nous n’aurions pu rêver mieux. Vous étiez notre premier amour, nous étions le centre de votre univers. Quand la vie nous écorche, vous êtes notre réconfort. À travers les épreuves, vous avez su nous guider. Vous avez mis le soleil dans nos jours de pluie. Oumi, ‘um el sous, femme libre et contestataire. Nous sommes ce que tu es, une extension dans le temps. Homme de coeur et d’esprit, ya abi, Abou el salo. Nous sommes ce que tu es, une extension dans le temps. Vous êtes la terre sur laquelle on se tient debout, le vent qui nous pousse à nous dépasser, l'azur qui nous protège, le feu qui brûle toutes les embûches. * Votre passé, vos combats; notre fierté, nos désirs.
|
Nada Montreal, Québec
Cette peur viscérale, terrée au fond de nous. Un concept compris de tous pourtant inconcevable. La crainte du vide, celui que l'on cherche à remplir. Bien plus qu'un comportement instinctif, c'est un phénomène physique inévitable. Le néant tend naturellement vers sa propre extinction. Le vide, cet espace libre et absent de toutes contraintes n'est qu'un point d'origine, un appel à la création. ... more
Streaming and Download help
If you like Nada, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp